Dieudonné Sana Wambeti
Un artiste en Centrafrique
Dieudonné Sana Wambeti est né en 1977 à Begoua, en Centrafrique (RCA), immense pays enclavé au cœur du continent noir.
Wambeti est soucieux du devenir de son pays adoré, il nous parle de sa vie, de ses préoccupations et projette dans ses toiles ses craintes et espoirs pour l’avenir.
Face aux dévastations multiples dont le territoire fait l’objet, il revendique un engagement écologique fort et pour légitimer ses inquiétudes, se réfère souvent aux paroles de ses ancêtres.
Cet héritage d’un patrimoine oral s’insère aux apparences naïves mais foncièrement poétiques et étonnement surréalistes, complexité d’un métissage artistique entre des traditions ancestrales et des visions sur la vie contemporaine, entre une expression plastique venue de la culture occidentale et des ressources imaginaires fondées sur les transmissions orales des populations locales.
Les obsessions du peintre
Wambeti utilise des images qui deviennent récurrentes dans ses tableaux.
Dans une série de toiles, il représente des termites qui envahissent les espaces. Les considérations sur cet insecte sont ambivalentes car d’une part il détruit la nature sur son passage, mais d’autre part, il ne s’attaque qu’aux bois morts.
L’artiste se sert de ces constatations pour illustrer dans un sens ou un autre les propos de sa peinture ;
Les feuillages, variés, lumineux et d’une grande finesse constituent l’ADN écologique de Wambeti. Ses compositions se systématisent aussi avec un premier plan d’herbes hautes et de semis de fleurs variées, puis en arrière-plan la forêt ou le village.
Wambeti y montre souvent la transition quand il ne met pas en scène plus directement l’opposition, entre les cases traditionnelles et les maisons modernes de la ville.
Les vêtements de feuillage portés par ses personnages sont quasiment obsessionnels dans son œuvre. Telle une armure végétale, ils sont supposés protéger les personnes des termites qui ne s’attaquent jamais à l’herbe ni aux feuilles fraîches.
Parmi les autres figures que l’artiste reprend d’une toile à l’autre, on peut repérer ces trouées dans les frondaisons des forêts qui laissent apparaitre un coin de ciel bleu dans lequel un oiseau vole, symbole de spiritualité. Parfois cette ouverture dans l’épaisseur des feuillages prend la forme de la Centrafrique.
Refuges de l’âme des ancêtres, les troncs d’arbres creux sont des lieux d’apparition de figures, de scènes de la vie traditionnelle.
Enfin, le fleuve, probablement l’Oubangui, qui serpente et alimente le pays.